Répétitions

T.

J'ai pas le temps.

Tu dis ça pour te rassurer, que tu n'aies pas le temps d'y penser, de toute façon ça va passer

J'ai pas le temps

Tu fuis la contusion mais cumule à profusion les confusions sans nom

J'ai pas le temps

C'est que tu prends pas le temps de le prendre, rends-toi à l'évidence, même si c'est lui qui mène la danse

J'ai pas le temps

Ose dire quand ça va pas, ose un peu lever la voix au lieu de rentrer comme ça chez toi

J'ai pas le temps

ça te bouffe, ça te condamne,à oublier que la vie on peut la vivre sans états d'âme.

Pas. Pas le temps. Pas le tempérament. A. Passer à. Pas à pas. Le temps prendra le pas sur et ras, de toi. Pas. Pas le temps. Non pas lui, pas luisant, sot, et si ? S'il vous plaît non, pas de lui, luire dans le temps. Aussi.

[tã] - comme une détonation, un signal de top départ, une piste d'athlétisme lors d'une compétition quand les coureurs démarrent. [tã]- comme une chaise-musicale, au moment où la musique s'éteint, agrippés à sa place quand le silence survient. [tã] - comme une brusque révélation, quand tu comprends tout d'un coup le pourquoi de la conversation. [tã] - [tã],[tã], [tã] comme des coups de couteaux sur la planche de cuisine, les mains du chef qui s'animent. [tã] - quand on t'interroge et que tu ne sais pas, elle veut te piéger avec son air suspect mais elle ne t'aura pas. [tã] ... - tout doucement, secret, caché, un mot dit à l'oreille qui restera bien gardé. [tã] et mille modulations pour expliquer ce qu'un son fait à ton imagination.

Tu existais bien avant ma naissance

Enivrant et inquiétant

Même quand je dors tu es

Présent, passé, futur

Sûr et silencieux, seconde après seconde

Amélie Cunha

Tic-Tac

Tic-Tac, micmac de renouvellement qui se répète à l’infini.

La sonnerie retentit.

La porte s’ouvre,

On décroche le téléphone,

Il faut éteindre le four,

Une caisse de supermarché,

Les collégiens sortent.

Tic-tac. Micmac de naissances, chaque seconde, à l’infini.

La sonnerie retentit.

Le métro s’en va,

Le train arrive,

L’avion décolle,

Le vélo croise un piéton,

Le feu passe au vert,

Les voitures klaxonnent.

Tic-tac. Les voitures défilent sur les boulevards,

Tic-tac. Le couteau ramène la nourriture vers la fourchette,

Tic-tac. Micmac de renouvellement qui se répète à l’infini.

SAMEDI SOIR

Noir noir ce soir dans la moiteur techno

Noir noir et quelques éclairs de néons

Des rendez-vous au comptoir

Des corps qui cachent le vague à l'âme

Noir noir et toi

Un regard sur la piste et ton swing bizarre

Noire de monde, je te dévisage

Cent regards plus tard dans le fumoir

Dix clopes plus tard dans ton plumard

Et tous les samedis noirs

Marie-Anne Chrétien

Comme un R

Pas à pas

Petit à petit

Enjambée après enjambée

Tu cours : tu vois les mêmes, les plusieurs,
les murs mûrs, les murmures, virgules, point.

Répétition d’une répétition.
Juste un entrainement entrainant, entrainant d’autres d’entrainements.

Répétition. Re-Re-Re. Retravailler. La notion d’une répétition inclus déjà une reproduction d’une reproduction. Une copie d’une copie. Répète donc, regarde les regards et redit moi ça.

Rassemble ce qui se ressemble
Assemble ce qui va ensemble.

Toi roi, tu as rassemblé tes reines et leur as donné les rênes sous leurs regards reconnaissant. Tu t’es rassemblé et maintenant tu trace ta route. Tu passeras par l’Argentine, le Rhône ou l’Oregon. Tu lanceras des regards à travers une paire de Ray-Ban. Arrivant sur les rotules ratant les trains, les métros, les correspondances tu fermeras les paupières. Recherchant des réponses tu t’enivreras d’un rhum rance sans trace de romance. Tu feras trois fois le tour de la racine pour avoir une réponse. Mais répète après moi pour que ça rentre dans ton crâne : Tu es mort et enterré. Arrête les rêves. Rien ne sert de respirer. Tu trembles dans la terre. Plus d’air ni éther, quelques aires de rock dans quelques aires de roches. Plus d’erreurs : il ne te reste que quelques heures. Quelques R.

Tom.C

Le tourbillon des robes rouges et or

Qui danse, inconscient des arbres mourants

Qui danse, inconscient de la pluie qui tombe

Dernier havre de joie avant la ruine

Le tourbillon des robes rouges et or

Qui danse, se croyant vivant pour toujours

Qui danse, se croyant garant de la vie

Ultime éclat de rire avant la mort.

Le tourbillon des robes rouges et or

Qui danse, pour le plaisir de nos enfants

Qui danse, splendides dames éphémères

Suprême splendeur avant les ténèbres.

Gaëlle

Ma douleur se mirait dans le ciel où se reflétait la monotonie du lac. Les étoiles crucifiées parsemaient le ciel et m’apaisaient par leur déclinaison mélodieuse dans les vagues qui les faisaient se mouvoir. Telle une comptine, la partition de la nuit m’embaumait de sa brume et dépliait les draps du vent libéré d’une valse avec le passé. Recourbée dans ce faux-pli du temps, ma douleur vient se réfugier du futur qui la menace d’une irrémédiable érosion. Ma douleur, insistante, percutante, frappait aux portes de mon âme sourde et aveugle ressassant ses vieux démons qui tournaient sans cesse autour des fossiles entassés, poussiéreux, dévorés par les insectes de l’aigreur.

A. L.

Stimulation & frustration de l’imaginaire

Il était une fois l’histoire d’un homme qui passait son temps assis.

Non, attendez, ce n’était pas cette fois-ci.

Il était une fois dans un pays lointain. Tout au bout de la ligne 3.

Non, attendez, ce n’était pas si loin que ça.

C’est l’histoire d’une vache qui ne mange que des pissenlits.

Ah mais vous la connaissez celle-ci.

C’est l’histoire d’un mec qui rentre dans un bar.

Vous vous êtes encore fait avoir.

C’est un homme qui par au combat.

Et je ne m’en lasse pas.

Il était une fois l’histoire d’un enfant.

Cet enfant était riche comme un roi !

Non, attendez, ce n’était pas cette fois-là.

Il était une fois l’histoire d’une fois.

François

  • Ecrire un texte cours sur l’idée de répétition

La douleur se mire dans le miroir. Elle se fend la poire. C’est la foire. C’est l’heure de choir. Espoir. Evincé du respectoir. Un soir. Tout boire. Pour vaincre le désespoir. Il a suffit d’un soir. Un soir. Pour tout voir. Pour ne rien croire. Se faire pochoir. Histoire d’un étouffoir. Sur l’accoudoir. Sur le perchoir. Il va le falloir. User de sa mâchoire. Vider les mouchoirs. Avant de se retirer dans le nichoir. Sans pourboire. Et reboire. La bouilloire de mes déboires.

A.L.

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